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cahierscotentin
Description du blog :
actualité littéraire des Cahiers du Cotentin. Publications de Michel Lebonnois et évènements
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
11.12.2006
Dernière mise à jour :
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La Vierge des Morts - 4ème

Publié le 24/02/2007 à 12:00 par cahierscotentin
4 - Après quelques minutes d’hésitation, ils attaquèrent de nouveau ; tout le monde criait, et ce vacarme avait comme il le fallait alerté la troupe qui arrivait au pas de charge. Il avait aussi alerté Jean le bûcheron qui courait de son côté, écrasant les buissons et brisant les arbres. Il entra dans la lice en même temps que les renforts. L’irruption de ce géant, large et haut comme un chêne, provoqua un moment de flottement qu’il mit à profit pour saisir deux hommes d’armes dans ses poings énormes, qu’il souleva au dessus de sa tête ; ce mouvement découvrit ses flancs où deux soldats plantèrent jusqu’à la garde leur lourde épée ; le combat continuait, inégal, entre les petits êtres se battant à mains nues et les soldats bien armés ; Jean tomba sur les genoux ; même ainsi, il était encore aussi grand que les hommes ; il battait l’air de ses poings fermés en perdant son sang à gros bouillons par les larges blessures ouvertes dans ses côtés ; le seigneur s’approcha de lui sur son cheval et lui asséna un grand coup d’épée qui lui fendit le crâne. Il s’écroula sur la mousse du bois, son corps énorme faisant comme un rocher, de derrière lequel surgit en hurlant une femme hirsute, vêtue de haillons qui s’accrocha au bras du mort en vociférant :
- « Ce ne sont que des enfants ! Jean réveille-toi, regarde ce qu’ils font aux enfants ! »
Puis se retournant vers les soldats sidérés, et levant le poing :
- « SOYEZ MAUDITS ! CE N’ETAIENT QUE DES ENFANTS ! »

Puis elle s’effondra sur le corps de son homme.

Le seigneur n’avait pas été long à se ressaisir :
- « La sorcière, c’est la sorcière ! Emparez-vous d’elle et ne la tuez pas ! Elle doit être jugée et brûlée en place publique ! »
Un moine avait ramassé un petit être mort à ses pieds et s’était approché de l’Abbé :
- « Mon Père, regardez, c’est bien un enfant, une fillette même ! »
L’Abbé eut l’air troublé un instant puis se ravisa :
- « Ce n’est que sorcellerie ! C’est elle qui a donné cette apparence humaine à ces êtres démoniaques pour nous abuser ! Dès qu’elle mourra sur le bûcher, ils disparaîtront comme brume sous le soleil et la forêt retrouvera ses chants d’oiseaux. »

Le moine s’inclina, mais alors que déjà la troupe reprenait le chemin du village et de l’abbaye, il décida de garder sur son épaule ce petit corps martyr ; à un autre qui s’en étonnait, il répondit que c’était pour le voir partir en fumée quand la sorcière mourrait dans les flammes.

Le procès qui eut lieu le lendemain matin ne fut pas un modèle d’équité; la cause fut d’autant plus vite entendue qu’à chaque question posée, la femme ne répondait que par des vociférations et des malédictions au milieu desquelles revenait en leit-motiv : « Ce n’étaient que des enfants ! Dis leur, Jean, que ce n’étaient que des enfants ! ».

Le bûcher était prêt sur la place du village : elle y fut attachée à l’heure des vêpres, et il fut allumé à la tombée la nuit pour que toute la contrée en voyant la lueur sache que l’affaire était close.

la Vierge des Morts 3

Publié le 18/02/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Désolé pour ceux qui sonr déjà venus pour savoir la suite. Patience, ça vient, ça y est !

3 - Il prit la route comme décidé le lendemain matin, à l’heure où les étoiles s’éteignent une à une dans le ciel dont le bleu de nuit commence à pâlir. Le frère portier referma les lourds battants derrière eux et se rendit à la chapelle pour l’office des matines.

Le jour était venu depuis un peu plus de deux heures quand des coups répétés furent portés contre la porte de l’abbaye. Le frère s’empressa d’ouvrir, et reçut dans ses bras le seigneur dont les yeux étaient englués de sang ; il était soutenu par deux de ses serviteurs qui ne valaient guère mieux que lui et le reste de la troupe était à l’avenant : tous portaient de multiples traces de coups violents et de morsures, et surtout tous étaient pratiquement nus ! Malgré ses blessures, le seigneur rugissait, s’en prenant à tous et d’abord à lui-même :
- « Comment ai-je pu me laisser surprendre par ce fauve qui m’est tombé sur les épaules et m’a griffé les yeux, lacéré le visage et mordu la nuque jusqu’à me faire tomber de cheval ! J’entendais mes compagnons hurler de douleur, en proie aux mêmes agressions. »
L’un des dits compagnons qui s’était approché l’interrompit :
- « Avant d’être à mon tour attaqué, j’ai eu le temps d’apercevoir nos agresseurs ; il ne s’agit pas du tout d’un loup-garou, mais plutôt de petits êtres noirs et sales aux doigts griffus, aux dents acérées… »
Un troisième lui coupa la parole :
- « Des goublins ! A la description que vous en faites, ce sont à coup sûr des goublins ! Ils sont alors envoyés par sorcellerie s’en prendre aux voyageurs ! »
Le Père Abbé qui était arrivé les invita à recevoir les soins que leur état nécessitait et à partager leur repas ; le seigneur avait demandé qu’on fasse prévenir la garnison la plus proche pour qu’on lui envoie une escouade de soldats bien armés : « Le diable et ses sorciers vont trouver leur maître ! »

Deux jours plus tard, chacun s’étant remis de ses blessures et de ses émotions, et les gens d’armes réclamés étant arrivés, il exposa son plan pour prendre en embuscade et détruire jusqu’au dernier ces vermines qui infestaient nos belles forêts. A l’aurore, il sortit de l’abbaye sur son cheval, vêtu de ses plus beaux atours et prit la direction de la forêt. Il était accompagné d’une douzaine de moines vêtus d’une grande cape sous laquelle ils tenaient leurs mains jointes. Ce que nul ne pouvait voir, c’est que tous portaient cote de maille sous leurs vêtements et lourde épée sous le manteau. Ils étaient suivis à distance de voix par une troupe en armes, portant lances et arcs.

L’attaque eut lieu au même endroit, sur le plateau, à l’embranchement où l’on prend le chemin vers Saint-Michel. Aussitôt les capes tombèrent et les épées commencèrent à frapper. Les petits êtres surpris étaient remontés dans les arbres en poussant des cris perçants. Plusieurs restaient à terre, frappés à mort.

poème plus

Publié le 15/02/2007 à 12:00 par cahierscotentin
De la part de Cédric, un autre poème, son favori je crois.
Dites-le lui si vous aimez.

LES PERLES

Et ses yeux étaient perles
Sans douleurs, sans tourments
Simplement adoucis
Par la rondeur de ses seins.

Et ses seins étaient perles
Comme les baisers d’un ange
Tendrement gratifiés
Par la courbure de ses hanches.

Et ses hanches étaient perles
Délicates, incrustées
Dans l’écrin qu’est son corps
Par le chemin de ses reins.

Et ses reins étaient perles
Qu’on caresse humblement
Pour se laisser éblouir
Par la beauté de ses mains.

Et ses mains sont des perles
Comme ses hanches et ses seins
Et ses reins, tout ce corps assemblé
En pendentif doré, relevé et de vie
Par la lumière des yeux.

Et ses yeux étaient perles.

( Cédric Lebonnois - 2ème Cahier, page 27)

2ème épisode

Publié le 10/02/2007 à 12:00 par cahierscotentin
2 - Au hasard du chemin et des rencontres, la troupe avait grossi, et c’est une cinquantaine de gamins, surtout des garçons et quelques filles, qui sortirent du bois dans la clairière de Jean le bûcheron. Ce géant venu d’on ne sait où, poussé là par les guerres et la misère, aurait pu nourrir l’imaginaire d’histoires d’ogres pour effrayer les enfants. Mais il était aussi bon que puissant. Il vivait là, loin de tout et de tous avec sa femme Mélie toute petite à côté de lui. Il s’était construit avec quelques troncs d’arbres et des branchages une masure où ils partageaient leur misère, sans toutefois manquer de quoi manger, car la forêt était généreuse en gibier.

La frayeur réciproque passée, adultes et enfants firent connaissance. Jean et Mélie qui se languissaient d’être seuls prirent cette troupe comme un cadeau du ciel. La vie s’installa dans cette clairière au plus profond de la forêt.

Le temps passant, Jean s’étonnait parfois de voir des vêtements nouveaux sur le dos des enfants, ou qu’ils puissent incidemment offrir un bijou à la pauvre Mélie.

A quelques lieues de là, sur la route de Saint-Michel, une riche abbaye élevait son abbatiale au centre d’un gros bourg suffisamment éloigné de la côte pour être épargné par les guerres. Un matin, alors que le soleil venait tout juste de se lever, le frère portier ouvrit à un homme quasi nu, saignant abondamment de plusieurs points du corps, couvert d’ecchymoses et de morsures. Il était dans un tel état de choc qu’il ne pouvait expliquer ce qui lui était arrivé, et ceux qui l’avaient vu traverser le village ainsi à l’aube et dans un tel état répandirent le bruit qu’il avait été victime d’un loup-garou.

Quelques semaines plus tard, on retrouva près de la Fontaine Saint-Michel, de l’autre côté de la forêt, deux voyageurs dans le même état de dénuement et, portant eux aussi de graves blessures et morsures. La peur s’installa dans le pays. A l’abbaye, le Père Abbé célébra chaque jour une messe pour obtenir la protection du ciel, à laquelle assistaient toutes les femmes et aussi beaucoup plus d’hommes qu’à l’accoutumée.

Plus personne n’osait s’aventurer dans cette partie de la forêt, et la rumeur de la présence d’un loup-garou s’était répandue dans tous les villages alentour. On connut de nouveau quelques semaines sans incident.

Un seigneur qui avait son château dans le bocage, de l’autre côté des champs de bataille, avait fait serment de se rendre au Mont Saint-Michel si lui-même et sa famille sortaient saufs de ces temps troublés. Il fut exaucé. Plusieurs mois avaient passé depuis la fin de ces terribles guerres, et le moment été venu de tenir son serment. Il était parti un bon matin, escorté par une petite troupe.

D’abbayes en prieurés, il était arrivé à la lisière de notre forêt ; les exhortations de l’Abbé et des moines ne changèrent rien à sa détermination ; il devait traverser la forêt pour atteindre dans la journée l’étape suivante. Il partirait aux toutes premières lueurs de l’aube, ainsi atteindrait-il la partie dangereuse au lever du soleil et n’aurait alors plus à craindre ce loup-garou dont la menace au demeurant le faisait sourire ; pendant dix ans à la tête de ses soldats il avait affronté de bien plus grands dangers et l’accomplissement de son vœu démontrait qu’il bénéficiait d’une protection divine ; aucune créature du diable n’oserait s’en prendre à lui.

1er épisode

Publié le 10/02/2007 à 12:00 par cahierscotentin
La Vierge des Morts
Conte de ma Forêt

1 - La ferme de mes parents était à flanc de colline, dans les premiers contreforts du massif Armoricain, dans les plis où se nichent les Vaux de Vire. L’horizon était fermé par une forêt de hautes futaies, épaisse et sombre sur laquelle s’arrêtaient longuement les orages d’été. Il est dans cette forêt un endroit qu’on appelle « La Vierge des Morts » ; il est symbolisé par une petite statue de la Vierge, dans un Oratoire en bordure du chemin, enfin de la route aujourd’hui. A moins d’une lieue dans la forêt, au cœur d’une clairière, des religieux ont autrefois élevé là un Ermitage. Ces lieux sont l’objet de multiples histoires, plus ou moins légendaires comme tous ces restes d’un passé encore bien chargé de mystère, et l’Histoire, celle qui voudrait nous faire connaître avec exactitude et vérité la vie de nos ancêtres, n’a guère prise sur cette transmission orale porteuse des angoisses populaires devant les entrelacements des mondes humains, divins ou diaboliques que l’Homme devait alors démêler.

Ma famille a ses origines dans ces espaces où l’homme a dû se faire défricheur pour gagner son espace habitable, et la peur de la forêt profonde reste inscrite dans le fond atavique qui se transmet entre générations. Voilà ce qui se racontait chez moi à propos de ces lieux, depuis des temps bien lointains.

« Une fois de plus, en cette année 1450, la guerre avait meurtri la terre normande ; cela durait depuis cent ans ! Les paysans du marais comme ceux du bocage, ceux des collines comme ceux du bord de mer, voyaient défiler les armées, celles du roi d’Angleterre et celles du roi de France, sans rien comprendre à ces luttes de pouvoir qui les laissaient ruinés, affamés, meurtris.
Et malheur à ceux qui se trouvaient sur leur chemin, ils le payaient de leur vie !
Et malheur à celles qui se trouvaient sur leur chemin, leur corps était jeté en pâture aux soudards !

Cette dernière bataille de Formigny qui allait consacrer la victoire du roi de France et rejeter les anglais de l’autre côté de la mer avait laissé son lot de morts, de fous et d’orphelins. Des villages ruinés, quelques enfants avaient pu se sauver, qui étaient partis sur les chemins chercher refuge loin de la bataille, après avoir pleuré sur les cadavres de leurs familles.

Se nourrissant de rapines, pourchassés par des chiens aussi affamés qu’eux, ils étaient arrivés aux abords de la grande forêt qui couvrait alors les collines autour de la vallée de la Vire, s’étendant jusqu’au Mortainais, et que traversaient les chemins menant au Mont Saint Michel et bien au-delà jusqu’à Saint Jacques de Compostelle. Au rythme de la marche des pèlerins, prieurés et abbaye avaient fleuri, apportant abri, nourriture et réconfort à ces marcheurs de Dieu.

Bien sûr, ces lieux n’étaient pas pour les enfants perdus, du moins pas pour tous car quelques uns au début y avaient été reçus et avaient grossi les rangs des frères, mais ils étaient devenus trop nombreux, et il fallait passer leur chemin, entrer plus profond sous les épaisses frondaisons.

Clic, Claque!

Publié le 30/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Clic, Claque!
Le livre "CLIC, CLAQUE ! et autres histoires" dont étaient extraites les deux nouvelles publiées sur ce blog va paraître à la fin de février. J'arrête donc d'en dévoiler le contenu. Je propose de continuer le principe du feuilleton en faisant découvrir des morceaux choisis dans "Dernières Voluptés" ou dans "DEROUTE".
Début la semaine prochaine.

Je rappelle aux cotentinois la prochaine "RENCONTRE" avec Brunehilde Lebresne le 9 février à partir de 18h au "Gré du Vin"

L'ours 4ème épisode

Publié le 22/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Et voilà (déjà !) le dernier épisode de cette aventure. Si vous en voulez une autre, DITES-LE CLAIREMENT !! Il y a en bas à gauche un petit (commentaire) en bleu. Tu cliques, t'écris, tu recliques, et je suis content : C'est pas dur...

A la prochaine


4ème épisode

Tout redevient calme ; après de longues minutes enfin silencieuses, nous nous croyons autorisés à nous rendormir ; c’est ce moment que choisit notre fils pour sortir de sa voiture : « C’est toi ? Tu as entendu l’ours ? - Hein, quoi, quel ours ? Je n’ai rien entendu, mais j’ai mal aux reins ; la nuit est douce, je vais m’installer à la belle étoile… » Le hurlement de ma femme a dû réveiller le voisinage : « Ça ne va pas, avec l’ours qui rôde dans le camp ! On va se serrer, mais tu viens sous la tente avec nous ! » Compatissant pour la terreur de sa mère, il accepte et nous voilà maintenant entassés à trois dans ce volume minuscule.

Le sommeil est enfin là, je m’y laisse aller voluptueusement. C’est l’instant que choisit l’animal pour une nouvelle manifestation : quelque part assez loin dans le camp, un bruit phénoménal de ferraille et de vaisselle renversée provoque le réveil de tous les chiens du secteur qui se mettent à aboyer en chœur avec furie, tandis qu’un individu que j’imagine sortant à poil ou quasiment de sa caravane se met à beugler « The Bear ! Go away ! Haaa ! » Il fait un vacarme d’enfer pour chasser la bête ; les aboiements des chiens qui l’accompagnent confirment que cette fois l’ours a rendu les armes et retourne dans sa forêt. Mais est-ce bien à cause des cris, ou n’est-ce pas plutôt l’annonce de l’approche de l’aube ? En effet, une douce lueur éclaire l’intérieur de ce qui n’a plus guère allure de tente, déformée qu’elle est par la pression que nous exerçons sur ses flancs.

Nous nous sommes efforcés de dormir une heure ou deux avant de reprendre la route. Nous n’avons pas pu quitter le camp sans satisfaire notre curiosité quant aux bruits de la nuit, et nous avons vu ce qu’un ours peut faire : près d’une caravane, un barbecue était renversé, ainsi qu’une table et divers accessoires de cuisine ; sans doute l’odeur des restes du repas, ou des traces de cuisson sur la grille avaient rendu fou la bête affamée. Tout était sens dessus dessous, tordu, brisé, souillé de cendres.

C’est avec un sentiment confus que nous avons quitté cet endroit extraordinaire de beauté étrange et mystérieuse, un peu comme si nous venions de passer un moment sur une autre planète.

La route qui va nous sortir de cet univers escalade doucement la falaise ; le paysage est vraiment fantastique, grandiose, inexplicable.

Et pendant que nous nous éloignons de la vallée où l’ours est roi, Charles Trenet nous tient compagnie, avec sa chanson bien française où tout un village des Pyrénées rêve de tuer l’ours qui « faisait peur aux bûcherons et des bergers mangeait tous les moutons ».

FIN

ML

Autour d'un verre

Publié le 16/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Autour d'un verre
Autre photo de la soirée avec Philippe Typhagne, vendredi 12, au "Gré du Vin"

L'ours 3ème épisode

Publié le 15/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
3ème épisode

Serrés l’un contre l’autre dans nos duvets à cause de l’exiguïté du lieu, nous trouvons difficilement le sommeil. Alors que je commence à m’assoupir, des cris et des rires nous arrivent du bâtiment sanitaire à une quinzaine de mètres en contrebas ; aux bribes de conversation, nous comprenons qu’un groupe de randonneurs s’est un peu égaré en forêt et rentre seulement. Ils s’encouragent à rejoindre rapidement leurs abris car l’ours ne devrait pas tarder. Nous découvrons là qu’il vient chaque nuit dès que l’obscurité est bien installée, et qu’il rôde dans le camp à la recherche de nourriture.

Bercés et rassurés par les ronflements de notre fils dans la voiture voisine, nous nous assoupissons enfin. Pas pour longtemps ; mon attention est soudain attirée par un bruit étrange, sorte de gémissement ponctué de coups sourds, encore un peu lointain mais dont je perçois au fil des minutes qu’il se rapproche.

Je voudrais appeler mon fils mais ses ronflements me dissuadent ; je crois que ma femme dort aussi maintenant ; je suis seul au monde au fond d’une vallée sombre et fantastique qui a dû inspirer Spielberg pour les décors de Jurassik Park, avec cet animal qui se rapproche. J’entends maintenant distinctement ses grognements de plus en plus sonores émis au rythme de ses pas et j’imagine sa tête énorme se balançant à chaque mouvement : « groumf, groumf, groumf, groumf » ; je devine qu’il gratte à certains endroits, qu’il donne des coups sur du métal qui résonne : boîtes à ours ou voitures ? Il est maintenant tout proche ; un grognement semble désigner notre tente et je crois comprendre qu’il s’est arrêté ; ma femme qui ne dormait pas plus que moi m’accroche le bras : « Qu’est-ce que c’est ? ce n’est pas toi qui ronfle si fort ! Est-ce que c’est… » Comme pour lui répondre, un nouveau grognement est émis là, juste de l’autre côté de la toile, accompagné de bruits de frottement contre un arbre, sans doute celui au pied duquel sont nos vêtements : « Mais c’est l’ours ! - Chuuut ! n’aie pas peur, il va s’en aller - Tu n’as pas peur, toi ? - Si je suis mort de trouille ! »

Le cœur arrêté, nous l’écoutons rôder encore un peu autour de notre camp, humer la voiture d’où sorte des ronflements de sommeil bienheureux puis enfin il s’éloigne !

Nous n’avons pas eu le temps de nous ressaisir qu’un hurlement suivi d’une cavalcade emplit le sous-bois « Hiii ! The bear » ! Il doit avoir surpris quelqu’un dans le bloc sanitaire ; la course que nous entendons, ponctuée de cris et de rires est bien humaine et laisse manifestement l’ours indifférent puisque nous l’entendons se rapprocher de nouveau mais plus haut, vers notre « boîte à ours ». Gagné ! Un tintamarre invraisemblable nous fait asseoir d’un bond. L’épaisse tôle résonne sous les coups furieux de l’animal qui grogne, pousse des gémissements à fendre l’âme ; il doit secouer le caisson que nous imaginons se déformer comme une boîte de conserve tant les coups sont violents. Cela dure plusieurs minutes qui nous semblent interminables, puis la lutte cesse enfin, et nous l’entendons s’éloigner.

Autour d'un Verre

Publié le 15/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Autour d'un Verre
Comme promis la photo de la rencontre du 12 janvier, pour l'ambiance.