A propos de ce blog


Nom du blog :
cahierscotentin
Description du blog :
actualité littéraire des Cahiers du Cotentin. Publications de Michel Lebonnois et évènements
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
11.12.2006
Dernière mise à jour :
07.09.2015

RSS

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· La Maison qui chante (4)
· L'ours (4)
· Clic, Claque (1)
· Rien à Perdre (4)
· Destins (5)
· Les Vieux dangers (3)
· La Vierge des Morts (5)
· Interstice (1)
· Poèmes Cédric (3)
· Expressions LIBRES (3)

Navigation

Accueil
Gérer mon blog
Créer un blog
Livre d'or cahierscotentin
Contactez-moi !
Faites passer mon Blog !

Articles les plus lus

· Clic, Claque!
· Clique, Claque
· dernier épisode
· Le Secret d'Omonville
· L'ours qui a vu l'homme

· La Maison qui chante 1er épisode
· nouvelles
· à lire d'urgence
· Notes d'Exil
· poème plus
· Heure d'été
· 3ème épisode
· Le Roman Policier...
· Une Nouvelle
· 18 janvier, suite

Voir plus 

Blogs et sites préférés


Statistiques 135 articles


Thèmes

amis annonce art belle bonjour bonne bonne année cadre chez coeur collection concours

Derniers commentaires

beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.n 'hésitez pas à
Par angelilie, le 07.04.2017

bonjour, bonjour, je viens de terminer crime et batiment, glané hier au salon du livre de torigni. il se passe
Par Christophe, le 18.04.2011

viviane moore, je connais ! villepin, j'vois pas qui c'est...
Par TYPH, le 14.04.2010

bonjour michel, c'est bruno moutard, le cobarbu de carsburg, l'homo sapiens qui sait qu'il pense et qui pense
Par Anonyme, le 07.03.2010

super cool
Par Anonyme, le 13.12.2009

Voir plus

RSS
Recherche

L'ours

L'ours qui a vu l'homme

Publié le 02/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
L'ours qui a vu l'homme
1er épisode - L’OURS QUI A VU L’HOMME

Dans notre village autrefois
Un ours énorme dévastait les bois
(Charles TRENET)


« DONT’BE BEAR CARELESS ! » ce qui traduit en français courant ( et vite si j’ose dire) signifie « GAFFE À L’OURS »

Avez-vous entendu parler du King’s Canyon ? C’est bien sûr aux USA, en Californie, dans la Sierra Nevada, un de ces paysages grandioses auquel on accède par une vraie route de montagne bordée de pins gigantesques. Après un plateau verdoyant, on entre brutalement dans un autre monde : une tranchée titanesque au fond de laquelle, loin, très loin en bas coule un torrent. La route s’accroche au flanc d’une falaise vertigineuse, et on descend ainsi doucement en suivant le profil de la montagne jusqu’à une sorte de cirque couvert d’une forêt épaisse.

Dès l’entrée, puis régulièrement de kilomètre en kilomètre, des panneaux annoncent « free bears / ours en liberté » et donnent une série de consignes de respect de cette nature sauvage. Tout au bout de la route, un terrain de camping est à la disposition des amateurs de randonnées. Là nous est remis un document qu’il est recommandé de lire attentivement ; ce sont des explications sur le comportement des ours, couguars, et autres petites bêtes sympathiques dont cet espace est le territoire.

En résumé : « Vous êtes chez eux à vos risques et périls. » La partie la plus développée concerne les ours : « Ils sont absolument inoffensifs pour l’homme dont ils ont peur, mais ils sont constamment en quête de nourriture et ils ont un odorat beaucoup plus développé que le plus subtil des chiens. Ne laissez donc rien, pas la moindre miette de gâteau, le plus petit carré de chocolat, RIEN, dans votre voiture, votre sac à dos, votre tente, votre caravane, sinon c’est la cata ! »

L'ours 2ème épisode

Publié le 08/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
2ème épisode

Suivent des photographies particulièrement explicites de voitures totalement « destroyed » par un ours en quête attiré par l’odeur d’un paquet de corn-flakes ou même un siège de bébé souillé de lait. Vitres défoncées, portières arrachées, sièges éventrés…L’ambiance est créée : mais que faut-il faire ? La solution est installée à distance de chacun des emplacements largement dispersés dans les bois : les « Boîtes à ours ». Ce sont des caisses genre cantines en tôle de cinq millimètres d’épaisseur, solidement ancrées dans un socle en béton, pourvues d’une fermeture avec barre de fer et double cadenas. Elles mesurent 1,50 mètre sur 60x60cm, une taille permettant d’y loger les provisions de la semaine et même le siège de bébé. « Mais n’ayez aucune crainte, vous n’intéressez pas l’ours ! Laissez juste vos sacs à dos, chaussures, chaussettes, enfin tout ce qui peut sentir un peu fort à l’extérieur, et il n’y aura pas de problèmes ! Nous vous souhaitons un agréable séjour.. »

Bon, ça c’est pour les ours, mais les couguars ? « Si vous croisez un couguar, reculez doucement sans le quitter des yeux ; il est rare qu’il s’attaque à l’homme. Pour finir, il y a très peu de grizzlis dans cette région, mais si vous en croisez un, une seule solution : courez plus vite que lui ». Alors ça, c’est clairement dissuasif ; on dort là parce qu’il est tard, mais pas question de randonnée ; mon record sur 100 mètres a 45 ans !

Nous entreprenons donc de satisfaire aux dispositions indiquées sur le prospectus, après un repas dont pas une miette ne reste sur le sol. Tout est entreposé dans la « boîte à ours » située une dizaine de mètres au-dessus de nous, près d’une table de camping en bois et un barbecue en béton armé, grille scellée dans le béton. Nous comprendrons pourquoi dans quelques heures. Inspection de la voiture, des sacs à dos, des trousses de toilette (même les crèmes aux parfums de fruits plus ou moins exotiques pour la peau ou les mains doivent être cachées, sans oublier les savons au miel…), et nous fermons les cadenas. Prise d’un remord, ma femme court à la voiture, plonge d’abord dans le coffre, puis soulève la banquette arrière…et en ressort avec un demi-paquet de gâteaux qu’elle apporte d’une main tremblante, reste d’un rapide goûter pris la veille sans s’arrêter.

Cette fois tout est en ordre ; il ne faut plus traîner car la nuit tombe brutalement dans un tel endroit à cause des montagnes. Aidés d’une lampe-torche complaisamment prêtée par un campeur voisin, car il est vrai de dire que les américains sont des gens charmants, experts en relations humaines, nous nous installons sous la minuscule tente de randonnée qui constitue tout notre équipement, après avoir déposé chaussures, chaussettes et autres vêtements odorants à cinq mètres au pied d’un arbre. Notre fils aîné qui nous accompagne décide de dormir dans la voiture, au grand désespoir de sa mère : « Mais enfin maman, tu as bien lu : l’ours ne s’intéresse pas à l’homme ; il n’y a plus rien dans la voiture ! Allez, bonne nuit »

L'ours 3ème épisode

Publié le 15/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
3ème épisode

Serrés l’un contre l’autre dans nos duvets à cause de l’exiguïté du lieu, nous trouvons difficilement le sommeil. Alors que je commence à m’assoupir, des cris et des rires nous arrivent du bâtiment sanitaire à une quinzaine de mètres en contrebas ; aux bribes de conversation, nous comprenons qu’un groupe de randonneurs s’est un peu égaré en forêt et rentre seulement. Ils s’encouragent à rejoindre rapidement leurs abris car l’ours ne devrait pas tarder. Nous découvrons là qu’il vient chaque nuit dès que l’obscurité est bien installée, et qu’il rôde dans le camp à la recherche de nourriture.

Bercés et rassurés par les ronflements de notre fils dans la voiture voisine, nous nous assoupissons enfin. Pas pour longtemps ; mon attention est soudain attirée par un bruit étrange, sorte de gémissement ponctué de coups sourds, encore un peu lointain mais dont je perçois au fil des minutes qu’il se rapproche.

Je voudrais appeler mon fils mais ses ronflements me dissuadent ; je crois que ma femme dort aussi maintenant ; je suis seul au monde au fond d’une vallée sombre et fantastique qui a dû inspirer Spielberg pour les décors de Jurassik Park, avec cet animal qui se rapproche. J’entends maintenant distinctement ses grognements de plus en plus sonores émis au rythme de ses pas et j’imagine sa tête énorme se balançant à chaque mouvement : « groumf, groumf, groumf, groumf » ; je devine qu’il gratte à certains endroits, qu’il donne des coups sur du métal qui résonne : boîtes à ours ou voitures ? Il est maintenant tout proche ; un grognement semble désigner notre tente et je crois comprendre qu’il s’est arrêté ; ma femme qui ne dormait pas plus que moi m’accroche le bras : « Qu’est-ce que c’est ? ce n’est pas toi qui ronfle si fort ! Est-ce que c’est… » Comme pour lui répondre, un nouveau grognement est émis là, juste de l’autre côté de la toile, accompagné de bruits de frottement contre un arbre, sans doute celui au pied duquel sont nos vêtements : « Mais c’est l’ours ! - Chuuut ! n’aie pas peur, il va s’en aller - Tu n’as pas peur, toi ? - Si je suis mort de trouille ! »

Le cœur arrêté, nous l’écoutons rôder encore un peu autour de notre camp, humer la voiture d’où sorte des ronflements de sommeil bienheureux puis enfin il s’éloigne !

Nous n’avons pas eu le temps de nous ressaisir qu’un hurlement suivi d’une cavalcade emplit le sous-bois « Hiii ! The bear » ! Il doit avoir surpris quelqu’un dans le bloc sanitaire ; la course que nous entendons, ponctuée de cris et de rires est bien humaine et laisse manifestement l’ours indifférent puisque nous l’entendons se rapprocher de nouveau mais plus haut, vers notre « boîte à ours ». Gagné ! Un tintamarre invraisemblable nous fait asseoir d’un bond. L’épaisse tôle résonne sous les coups furieux de l’animal qui grogne, pousse des gémissements à fendre l’âme ; il doit secouer le caisson que nous imaginons se déformer comme une boîte de conserve tant les coups sont violents. Cela dure plusieurs minutes qui nous semblent interminables, puis la lutte cesse enfin, et nous l’entendons s’éloigner.

L'ours 4ème épisode

Publié le 22/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Et voilà (déjà !) le dernier épisode de cette aventure. Si vous en voulez une autre, DITES-LE CLAIREMENT !! Il y a en bas à gauche un petit (commentaire) en bleu. Tu cliques, t'écris, tu recliques, et je suis content : C'est pas dur...

A la prochaine


4ème épisode

Tout redevient calme ; après de longues minutes enfin silencieuses, nous nous croyons autorisés à nous rendormir ; c’est ce moment que choisit notre fils pour sortir de sa voiture : « C’est toi ? Tu as entendu l’ours ? - Hein, quoi, quel ours ? Je n’ai rien entendu, mais j’ai mal aux reins ; la nuit est douce, je vais m’installer à la belle étoile… » Le hurlement de ma femme a dû réveiller le voisinage : « Ça ne va pas, avec l’ours qui rôde dans le camp ! On va se serrer, mais tu viens sous la tente avec nous ! » Compatissant pour la terreur de sa mère, il accepte et nous voilà maintenant entassés à trois dans ce volume minuscule.

Le sommeil est enfin là, je m’y laisse aller voluptueusement. C’est l’instant que choisit l’animal pour une nouvelle manifestation : quelque part assez loin dans le camp, un bruit phénoménal de ferraille et de vaisselle renversée provoque le réveil de tous les chiens du secteur qui se mettent à aboyer en chœur avec furie, tandis qu’un individu que j’imagine sortant à poil ou quasiment de sa caravane se met à beugler « The Bear ! Go away ! Haaa ! » Il fait un vacarme d’enfer pour chasser la bête ; les aboiements des chiens qui l’accompagnent confirment que cette fois l’ours a rendu les armes et retourne dans sa forêt. Mais est-ce bien à cause des cris, ou n’est-ce pas plutôt l’annonce de l’approche de l’aube ? En effet, une douce lueur éclaire l’intérieur de ce qui n’a plus guère allure de tente, déformée qu’elle est par la pression que nous exerçons sur ses flancs.

Nous nous sommes efforcés de dormir une heure ou deux avant de reprendre la route. Nous n’avons pas pu quitter le camp sans satisfaire notre curiosité quant aux bruits de la nuit, et nous avons vu ce qu’un ours peut faire : près d’une caravane, un barbecue était renversé, ainsi qu’une table et divers accessoires de cuisine ; sans doute l’odeur des restes du repas, ou des traces de cuisson sur la grille avaient rendu fou la bête affamée. Tout était sens dessus dessous, tordu, brisé, souillé de cendres.

C’est avec un sentiment confus que nous avons quitté cet endroit extraordinaire de beauté étrange et mystérieuse, un peu comme si nous venions de passer un moment sur une autre planète.

La route qui va nous sortir de cet univers escalade doucement la falaise ; le paysage est vraiment fantastique, grandiose, inexplicable.

Et pendant que nous nous éloignons de la vallée où l’ours est roi, Charles Trenet nous tient compagnie, avec sa chanson bien française où tout un village des Pyrénées rêve de tuer l’ours qui « faisait peur aux bûcherons et des bergers mangeait tous les moutons ».

FIN

ML