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cahierscotentin
Description du blog :
actualité littéraire des Cahiers du Cotentin. Publications de Michel Lebonnois et évènements
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
11.12.2006
Dernière mise à jour :
07.09.2015

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Autour d'un verre

Publié le 13/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
Autour d'un verre
Une douzaine autour de nos verres ce 12 janvier, à discuter avec Philippe Typhagne de son passe-temps favori, le dessin sous toutes ses formes - sauf l'aquarelle... Il n'avait disait-il rien à dire ! Intarissable le Philippe. Une bonne soirée qui s'est terminée tard autour d'une tartine ou d'une salade dont Colette a le secret. Philippe Noir a fait quelques photos que je transmettrai dè qu'il me les aura envoyées.
Brunehilde est passée, et même restée, présenter son intervention du 9 février, ainsi que Hervé et Valérie qui parleront e leur "Balade autour du monde" le 23 mars. Notez les dates.
Et je vous rappelle que même si vous n'avez que cinq minutes, n'hésitez pas à faire le détour ; ça fait plaisir, ça instruit, c'est sympa.

Et pour ceux qui sont trop loin, même très loin, c'est là un petit coup de vent cherbourgeois, et hier soir il était en forme, le vent ! Aucun parapluie n'y résistait!

A bientôt avec le 3ème épisode de "L'ours..."

L'ours 2ème épisode

Publié le 08/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
2ème épisode

Suivent des photographies particulièrement explicites de voitures totalement « destroyed » par un ours en quête attiré par l’odeur d’un paquet de corn-flakes ou même un siège de bébé souillé de lait. Vitres défoncées, portières arrachées, sièges éventrés…L’ambiance est créée : mais que faut-il faire ? La solution est installée à distance de chacun des emplacements largement dispersés dans les bois : les « Boîtes à ours ». Ce sont des caisses genre cantines en tôle de cinq millimètres d’épaisseur, solidement ancrées dans un socle en béton, pourvues d’une fermeture avec barre de fer et double cadenas. Elles mesurent 1,50 mètre sur 60x60cm, une taille permettant d’y loger les provisions de la semaine et même le siège de bébé. « Mais n’ayez aucune crainte, vous n’intéressez pas l’ours ! Laissez juste vos sacs à dos, chaussures, chaussettes, enfin tout ce qui peut sentir un peu fort à l’extérieur, et il n’y aura pas de problèmes ! Nous vous souhaitons un agréable séjour.. »

Bon, ça c’est pour les ours, mais les couguars ? « Si vous croisez un couguar, reculez doucement sans le quitter des yeux ; il est rare qu’il s’attaque à l’homme. Pour finir, il y a très peu de grizzlis dans cette région, mais si vous en croisez un, une seule solution : courez plus vite que lui ». Alors ça, c’est clairement dissuasif ; on dort là parce qu’il est tard, mais pas question de randonnée ; mon record sur 100 mètres a 45 ans !

Nous entreprenons donc de satisfaire aux dispositions indiquées sur le prospectus, après un repas dont pas une miette ne reste sur le sol. Tout est entreposé dans la « boîte à ours » située une dizaine de mètres au-dessus de nous, près d’une table de camping en bois et un barbecue en béton armé, grille scellée dans le béton. Nous comprendrons pourquoi dans quelques heures. Inspection de la voiture, des sacs à dos, des trousses de toilette (même les crèmes aux parfums de fruits plus ou moins exotiques pour la peau ou les mains doivent être cachées, sans oublier les savons au miel…), et nous fermons les cadenas. Prise d’un remord, ma femme court à la voiture, plonge d’abord dans le coffre, puis soulève la banquette arrière…et en ressort avec un demi-paquet de gâteaux qu’elle apporte d’une main tremblante, reste d’un rapide goûter pris la veille sans s’arrêter.

Cette fois tout est en ordre ; il ne faut plus traîner car la nuit tombe brutalement dans un tel endroit à cause des montagnes. Aidés d’une lampe-torche complaisamment prêtée par un campeur voisin, car il est vrai de dire que les américains sont des gens charmants, experts en relations humaines, nous nous installons sous la minuscule tente de randonnée qui constitue tout notre équipement, après avoir déposé chaussures, chaussettes et autres vêtements odorants à cinq mètres au pied d’un arbre. Notre fils aîné qui nous accompagne décide de dormir dans la voiture, au grand désespoir de sa mère : « Mais enfin maman, tu as bien lu : l’ours ne s’intéresse pas à l’homme ; il n’y a plus rien dans la voiture ! Allez, bonne nuit »

Clique, Claque

Publié le 02/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
1/
CLIC,CLAQUE
Le héron, honteux et confus,
jura mais un peu tard
qu’on ne l’y prendrait plus.
Jean de La Fontaine

PREAMBULE

LA PRESSE DE LA MANCHE
9 Novembre 2005

UN ATTENTAT DEJOUE À LA HAYE
Hier, la police de La Haye a interpellé sept hommes qui s’apprêtaient à commettre un attentat contre l’immeuble qui abrite la Cour Internationale de Justice, lieu hautement symbolique de Justice dans le monde. Six des individus composant ce commando sont des membres fichés d’Al Qaïda, mais le septième est un sexagénaire cherbourgeois dont on ne s’explique pas cette soudaine implication dans une action violente.
Il a quitté Cherbourg le 2 novembre en mentant à sa femme sur sa destination…

Dans le brouillard épais qui couvrait ce pays de mer et de terre confondues, un vieil homme marchait au bord d’un canal. Le regard perdu, il avançait d’un pas traînant, les épaules voûtées. Ses cheveux gris hirsutes, sa barbe mal taillée, lui donnaient l’air d’un vagabond, ce que contredisaient ses vêtements de bonne coupe souillés de traces de charbon, de boue, de restes alimentaires collés sur sa chemise.
Manifestement épuisé, il s’était assis sur un banc dont c’était l’usage en ces lieux ouverts aux promeneurs. Ce matin-là, qui devait être un dimanche s’il avait bien compté, il n’y avait personne : trop tôt, trop froid, trop gris. La brume moite limitait son champ de vision à quelques mètres. Après quelques instants de repos yeux clos et bouche ouverte, il avait regardé autour de lui, cherchant à se repérer. Tout était désespérément plat. Un solide mur appuyé sur un large talus empêchait le canal de se répandre sur le chemin et dans les champs qu’il devinait alentour. Il s’apprêtait à repartir quand il entendit tousser puis un échange de voix dans une langue qu’il ne comprenait pas. Il sentit ses jambes retrouver quelques forces. Enfin quelqu’un ! Il lui suffit de quelques mètres pour voir sortir du coton étouffant l’arrière d’une péniche amarrée. Il ne voyait personne, mais en avançant encore, il perçut une conversation montant de l’intérieur ; un homme et une femme discutaient tranquillement, sans doute autour d’un café dont l’odeur lui parvenait maintenant. Il ne put attendre davantage :
- “ S’il vous plaît ! Il y a quelqu’un ? Pouvez-vous m’aider ? ”


à suivre…


2/
L’homme était sorti, étonné de cette présence, manifestement surpris, puis sans rien dire d’autre il s’était retourné vers l’intérieur, avait crié quelque chose dans une langue inconnue. Une femme était venue un journal à la main, qu’il saisit pour en regarder les photos de première page, puis le montra au vagabond : quelle ne fut pas sa stupeur de voir parmi plusieurs photos d’individus patibulaires son propre portrait, à s’y méprendre ! Il connaît cet homme qui lui ressemble.
- Parlez-vous français
- Nein ; deutsch…
- Et anglais ? Do you speak english ?
- Oh ! Yes, I do…
- I am not… il cherchait ses mots en regardant le journal, puis iI eut un geste de découragement : Please can you help me and drive me to a police station ?
- Sure I can, but…
Le batelier lui montrait le journal, la photo ; le texte était incompréhensible, mais à la tête qu’ils avaient tous, il reconnaissait les clichés anthropomètriques de la police. Il se trouvait impliqué dans quelque chose à son insu, malgré lui. Il essayait de se souvenir de ces derniers jours complètement fous, mais ne parvenait pas à faire émerger autre chose que l’obscurité d’une cave.
- “ I know these men, they captured me, they are dangerous ! Help me please, I do not understand what it means ! Drive me to the police, please !”

Il s’est assis dans le carré de la péniche coquettement aménagée qui avançait sans bruit sur le canal ; on se croirait dans un camping-car sur la route des vacances. Après s’être restauré de quelques charcuteries arrosées d’un café clair, ses hôtes lui proposent la salle de bains ; il n’était jamais monté à bord d’une péniche, il n’en revient pas de se trouver dans une habitation confortable, avec l’eau courante, une douche chaude et reposante, un lavabo avec au-dessus un grand miroir dans lequel il voit alors dans quel état il est : amaigri, la barbe et les cheveux sales et emmêlés, couvert de suie noire collante. Il se savonne avec délice et laisse longuement l’eau nettoyer son corps et son esprit de ces journées incroyables qu’il vient de vivre. Mais que fait-il dans le journal ? Ou plutôt, qu’a bien pu faire cet homme qui lui ressemble trait pour trait ?

Il a d’ailleurs également reconnu ses autres geôliers. Que lui voulaient ces hommes qui l’avaient attiré de Cherbourg à La Haye ? Il s’enveloppe dans un peignoir épais et chaud. La batelière lui a fait comprendre qu’elle allait lui laver ses vêtements. Un bon repas l’attend après lequel il s’enferme dans une cabine minuscule et s’allonge sur une couchette confortable. Il s’effondre dans les profondeurs d’un sommeil réparateur. Combien de temps a-t-il dormi ? Sans doute plusieurs heures. C’est l’absence de ronronnement du moteur de la péniche qui l’a réveillé ; sur la banquette auprès de son lit, ses vêtements propres et repassés l’attendent. Ces gens sont vraiment d’une amabilité sans limites. Tout en s’habillant, il s’efforçait de mettre de l’ordre dans ses souvenirs.

A suivre…

3/
Comme il sortait sur le pont de la péniche amarrée le long d’un quai en pleine ville d’Amsterdam, le marinier arrivait accompagné par un officier de Police. Enfin il allait comprendre. L’attitude souriante et courtoise du policier lui rendant son passeport et l’invitant à le suivre l’avait immédiatement rassuré ; il pouvait sans aucun doute en conclure qu’il n’était pas recherché comme coupable de quoi que ce soit. Une voiture l’emmène à travers les rues de cette ville qu’il ne connaît pas, jusqu’au Commissariat Central. Après quelques politesses d’usage pour s’enquérir de sa santé destinées à le rassurer, il lui faut raconter son histoire, et en renouer tous les fils avec l’aide des policiers.
Tout avait commencé chez lui il y a quelques semaines. Assis devant son ordinateur, il avait consulté sa messagerie internet. Un clic de souris, un seul, automatique, posé sans plus y réfléchir par jeu, avait suffi à transformer sa vie en cauchemar. Il avait reçu ce message :
WINNING NOTIFICATION:
We happily notify you of the draw of the Email Lottery Ballot / World Gaming Board Sweepstakes program held on the 1st of October, 2005. .............
You have therefore been approved to claim a total sum of One Million Euro only in cash credited to file.......... Congratulations once more from all our members of staff.
Il ne croyait pas du tout à cette offre mirobolante, et s’apprêtait comme à son habitude à le supprimer, ce qu’il fait toujours avec tous ces HOAX et autres SPAM qui envahissent sa messagerie. Pourquoi a-t-il hésité ? Il a eu soudain envie de parler aux auteurs, pour leur dire qu’il n’était pas dupe. Il avait donc retourné un message dans lequel il avait cru malin de minimiser ses compétences en anglais :
“ My english is poor and I do not understand very well your letter ; I join the copy to identify. Can you speak me french please for I think it is a joke.”
Il avait quelques jours plus tard reçu une réponse confirmant son gain et contenant des documents “authentiques”:
Attached herewith is the winning information packet and the services we render and a copy of the Claim Verification Form for your perusal and prompt action. You are advised to print out this Claim Form, complete properly and send back to this office either by fax or as email attachment after scanning. Thanks.
Les choses prenaient à son grand étonnement une tournure officielle ; il était allé vérifier sur internet l’existence des sites figurant sur les documents, et s’était retrouvé sur la “toile” de la Loterie Nationale Hollandaise. Cela lui semblait fou, mais après tout, il y a bien des gens qui gagnent, alors pourquoi pas lui ? Il avait donc regardé de plus près les documents joints, suivi les consignes et retourné comme indiqué le formulaire. Une nouvelle communication arrivait rapidement. Toujours sur documents à entête, il lui était demandé d’envoyer copie de son passeport. Il lui était également demandé d’envoyer en règlement d’une taxe sur les jeux une somme rondelette à un bureau d’avocats chargés de faire établir en son nom les titres de propriété et ses coordonnées bancaires. Cela toutefois n’était pas nécessaire s’il pouvait venir lui-même à La Haye recevoir son prix au siège de la Société Multinationale organisatrice de ce tirage au sort, en arrivant la veille pour avoir le temps de remplir les formalités.
A suivre…
4/
Le rendez-vous était fixé au mardi 5 novembre à 10 heures.
Il n’était plus en état de réfléchir à quoi que ce soit, il était piégé par l’ivresse du gain. La Fontaine et Perrette avaient disparu dans les profondeurs d’un oubli opaque. Un aller-retour à La Haye n’était pas un problème. Retraité, il disposait de tout son temps. Il dut cependant trouver un prétexte pour s’absenter quelques jours sans inquiéter sa femme qu’il ne voulait pas mettre dans la confidence ; c’était son secret. Il se sentait comme un enfant qui prépare une surprise pour la fête des mères. De son ancienne activité professionnelle, il restait en relation avec divers organismes et il aimait aller de temps en temps se retremper dans l’ambiance des colloques. Il s’en tenait justement un à Liège dont il avait reçu la documentation et dont les dates correspondaient à merveille ; cela lui fournissait un alibi en or pour disparaître ainsi quelques jours.

Le jour dit, il avait pris le train de 6h12 pour Paris ; l’aube se levait à peine, brumeuse comme tous les petits matins cherbourgeois promettant une belle journée d’automne. Sa femme dormait encore.
Songeur, les yeux mi-clos, il avait regardé défiler la campagne ; les marais étaient déjà “blancs”, couverts d’eau, et la voie ferrée se déroulait sur sa digue, rectiligne entre deux mers comme sur la digue du Zuiderzee où il se rendait. Calé dans son fauteuil, la tête appuyée sur la vitre, il s’était assoupi bercé par le tam-tam des boggies. Un choc violent l’avait brutalement réveillé, mais ce n’était que l’onde d’un train lancé à grande vitesse sur la voie qui montait vers Cherbourg. Il vit passer en un éclair la gare de Bernay. Il sortit un livre et tenta de lire, ce qui eut pour effet de le replonger en un rien de temps dans un sommeil profond dont il ne sortit qu’à l’annonce de l’arrivée en gare Saint-Lazare.
Il avait plus d’une heure devant lui pour changer de gare. Il prit le temps d’un café au comptoir du bar dans la Salle des Pas Perdus qu’arpentaient l’œil aux aguets et la main sur leur arme deux militaires fatigués. Il se dit que c’étaient vraiment là des pas perdus. Il ne croyait pas en l’utilité du plan vigie-pirate, du moins dans cette présence démonstrative de forces militaires ; que pouvaient donc voir dans cette foule empêtrée de bagages ces deux pauvres bougres qui manifestement n’y croyaient pas eux-mêmes ? Il faisait davantage confiance à sa propre vigilance. Il était temps d’y aller ; en quelques stations de métro, il était à la gare du Nord.
Le TGV Thalys avait filé à travers les plaines du Nord, avalé la Belgique d’un trait et l’avait déposé en gare de La Haye en moins de deux heures, au milieu de l’après-midi. Son hôtel, réservé avec son billet SNCF, était tout proche ; il s’y rendit à pied parce qu’il avait besoin de marcher après ces heures de voyage et non par souci d’économies ; son lot qu’il venait chercher le mettait définitivement à l’abri de toute mesquinerie. L’hôtel était confortable ; il ressemblait à tous les autres de la même chaîne à travers le monde, moderne, rationnel, fonctionnel, avec le moins de personnel possible ; le mini-bar contenait tout ce dont il pouvait rêver pour se désaltérer jusqu’à l’ivresse mais ce n’était pas dans ses habitudes, et la table de nuit abritait le nécessaire pour assouvir tous ses besoins en toute sécurité. La Hollande est le pays de toutes les libertés.

A suivre…
5/
Après s’être restauré au self-service de l’hôtel, il était allé se promener, plan à la main, pour se donner quelques repéres et s’orienter dans cette ville. La tour où il avait rendez-vous était dans ce quartier moderne et il n’eut aucun mal à la repérer. Il s’endormit tôt, et fit des rêves de fortune à rendre jaloux le comte de Monte-Cristo.
À l’heure dite, il s’était présenté à la Loterie Nationale Hollandaise, où il était censé s’acquitter d’une taxe pour pouvoir percevoir son prix. Un employé obséquieux avait examiné avec un regard de plus en plus surpris les documents qu’il lui présentait, puis était allé chercher un Directeur. Les choses s’étaient alors très mal passées ; il s’était mis en colère, brandissant les documents « authentiques » qu’il avait reçus. La frustration lui était insupportable, et plus encore la honte de s’être fait avoir comme un gamin ; il avait fallu l’intervention de deux agents de sécurité et l’arrivée de la police pour faire cesser le scandale. La Loterie Nationale Hollandaise avait porté plainte contre lui pour tentative d’escroquerie, et il s’était retrouvé piteux et effondré en garde à vue au poste de police.
Les policiers avaient récupéré son dossier dont ils avaient fait des copies, et l’enquête était allée très vite ; en quelques manipulations informatiques incompréhensibles pour lui, l’inspecteur lui avait confirmé que ses documents avaient bien été émis par un site frauduleux et qu’il s’était fait pigeonner. La Loterie Nationale, tout aussi victime que lui car ses documents officiels sont piratés à des fins malhonnêtes, avait depuis longtemps déjà introduit une plainte mais l’enquête piétinait faute d’éléments tangibles. Sa bonne foi établie, un représentant de la Loterie était venu lui présenter ce qu’il avait reçu comme des condoléances tant le personnage vêtu de noir et ganté de cuir fauve était rigide et glacial en s’adressant à lui. Il fut remis en liberté.
Il avait traîné dans la ville, obligé qu’il était d’attendre le lendemain pour reprendre son train. Qu’allait-il bien pouvoir raconter à sa femme ? C’est vrai qu’elle le croyait à Liège. Au fond, s’il n’avait rien gagné, il n’avait rien perdu non plus ; il avait même l’occasion de faire un peu de tourisme. Son optimisme fondamental, allié à une bonne dose d’insouciance, avait repris le dessus. Il s’était promené de bar en bar, découvrant la Hollande, ce pays de grandes libertés ; il était étonné de croiser des citoyens souriants et affables là où il s’attendait à devoir errer parmi les drogués et les prostituées, évitant à chaque pas seringues et préservatifs…images d’Epinal des bas-fonds des Pays-Bas ; peut-être à Amsterdam ? Rien de tout ça ici, mais au contraire une ville propre, fleurie comme il se doit, et il avait retrouvé son hôtel après quelques hot-dogs et quelques bières qui avaient précipité son sommeil.
Il avait été réveillé par un appel téléphonique à son hôtel tôt le matin ; quelqu’un qui se présente comme chargé des relations publiques de la Loterie Nationale lui demande de ses nouvelles, veut savoir si tout va bien, s’il a passé une bonne soirée, s’il prend bien son train comme prévu en début d’après-midi … Pour se faire pardonner les ennuis subis, une voiture viendra l’attendre à son hotel… Un peu surpris par tant de prévenance, il avait remercié et raccroché en pensant que la renommée d’hospitalité de ce pays était justifiée.

A suivre…


6/
Une heure avant le départ de son train, une voiture s’était présentée comme convenu devant son hôtel ; deux hommes aussi guindés que celui de la veille lui avaient porté son modeste bagage et l’avaient installé à l’arrière de la limousine aux vitres teintées où un troisième homme l’attendait, qui lui avait offert un rafraîchissement sorti du mini-bar ouvert devant lui. Il s’était installé confortablement, et s’était endormi en quelques instants.
Au même moment, devant le train Thalys de 14 heures pour Paris, un policier attendait. Il était venu s’assurer que tout allait bien et qu’il rentrait chez lui sans encombres. Il avait regardé partir le train…Sur ordre de ses chefs, il avait attendu encore les deux départs suivants. Force était de constater qu’il était resté aux Pays-Bas. Pourquoi ? S’il les avait bernés avec son air de bon vieillard naïf, quels étaient en réalité ses motifs ? La police française alertée avait rapidement fourni un dossier duquel il ressortait qu’il n’était peut-être pas le père tranquille qu’il prétendait. Il était fiché comme militant actif dans différents mouvements contestataires, antinucléaires, antimondialistes… Un mandat avait été adressé à Interpol.
À son réveil, il avait compris qu’il était séquestré dans une cave fermée par une épaisse porte en bois ; un reste de charbon dans un coin, une armoire métallique fermée à clef, un mauvais lit en fer qui grince quand il s’assied dessus, quelques livres en anglais sur une petite table de camping en isorel et pieds en tube, un tabouret. Il s’était hissé jusqu’au vasistas soigneusement grillagé et muni de barreaux ; à sa grande surprise, il avait aperçu les superstructures d’une péniche ! La porte s’était ouverte brutalement, un homme lui avait déposé par terre une assiette dans laquelle une vague purée et du salami, et une bouteille d’eau en plastique. Pas un mot, pas un regard, la lourde porte s’était refermée avant qu’il ait eu le temps de réagir.
Effondré sur le grabas, il n’en sortait pas de la folle question de sa présence dans cette prison. Ses geôliers changeaient à chaque repas, sans jamais prononcer un mot, sans même sembler entendre ses questions angoissées ; une fois, ce devait être le jeudi, il a voulu prendre le bras de l’homme pour l’obliger à s’intéresser à lui ; il s’est retrouvé jeté avec violence sur son lit sans plus de bruit ni de menaces. Ce jour-là, il avait entrevu par la porte mal refermée un homme qui lui avait semblé être tout simplement son sosie !
Il restait prostré, incapable de comprendre quoi que ce soit dans le silence absolu où il était laissé. Sa seule obsession restait fixée sur l’espoir que sa femme s’inquiète, depuis trois jours qu’il aurait dû être rentré. Il était sûr qu’elle finirait par aller au commissariat faire à un policier goguenard une déclaration de disparition : « Vous savez madame, des maris qui disparaissent… ! ». Le vendredi matin, on lui avait fourni un repas plus copieux qu’à l’habitude, sans plus de commentaires ; deux pains, plusieurs bouteilles d’eau, quelques fruits. Il s’était endormi la nuit venue sans avoir revu personne de la journée.

A suivre…



7/
Tard dans la soirée du vendredi 8, la police cherbourgeoise se présente à son domicile : madame doit se rendre à La Haye, aux Pays-Bas, pour identification d’un terroriste surpris le matin-même dans une tentative d’attentat. Sept individus ont été arrêtés ; parmi eux, l’un est porteur du passeport du monsieur, et lui ressemble étrangement. Partie au premier train du samedi matin, elle se présente au commissariat Central de La Haye dès 14 heures. Elle a fait le trajet accompagnée d’un policier. Elle est follement inquiète. Que fait-il à La Haye ? Pourquoi lui a-t-il caché son objectif réel ? Car il n’y a aucun doute : de ce que les inspecteurs lui ont raconté, elle sait qu’il est là-bas, où il a déclenché un incident dans un important building du centre de la ville. Elle n’a pas eu droit à plus de détails. Sans lui donner le temps de se remettre, elle est introduite dans une petite salle. Plusieurs hommes sont alignés derrière une glace sans tain, parmi lesquels sans la moindre hésitation elle reconnaît son mari. À la tête que fait le policier présent, elle comprend qu’elle vient de désigner le terroriste… Il lui montre alors le passeport trouvé sur l’homme ; c’est bien celui de son mari, avec les tampons de leurs voyages, aux USA, en Tunisie…Elle est effondrée mais refuse d’y croire. Elle voudrait le voir de près, le toucher, mais les besoins de l’enquête s’y opposent ; elle l’a reconnu, cela suffit, elle peut repartir en France… Les yeux au fond de son mouchoir, elle s’apprête à suivre son accompagnateur quand elle a soudain une idée qui lui rend un vague sourire d’espoir : « Pouvez-vous lui demander de me montrer ses dents ? » L’homme s’exécute et présente une dentition banale, deux rangées de dents un peu jaunies… « Voulez-vous maintenant lui demander d’enlever son appareil dentaire… » L’homme hésite un instant, montre qu’il ne peut pas… Les dents de l’individu sont solidement ancrées dans la gencive. « Mon mari n’a plus qu’une dent en haut et trois en bas ; vous pouvez vérifier auprès du docteur xx, son dentiste à Cherbourg ». Elle doit attendre quelques minutes, le temps d’un appel téléphonique, pour que son angoisse change de nature. Le policier regarde la femme avec un bon sourire complice. Cette fois, son mari est tout à fait innocenté. L’incroyable arnaque n’avait d’autre objectif que de récupérer des passeports à laisser ensuite traîner sur les lieux de l’attentat …
« Mais alors où est-il ? » Sans réponse, il lui avait fallu reprendre le train...

Le samedi s’était déroulé lui aussi sans visites. Il entendait du bruit dans la maison, qu’il avait fini par reconnaître comme celui d’une radio laissée allumée ; pour lui faire croire à une présence ? Il avait épuisé ses provisions et se sentait maintenant affamé. Il avait crié, mais ses appels restaient vains. À part la radio, il était sûr de ne plus identifier aucun bruit dans la maison. La nuit venait, la terreur le prenait ; il était abandonné là. Pourquoi ? Qui étaient donc ces hommes ? Avaient-ils cru qu’il avait gagné à la loterie, puis s’apercevant qu’il n’avait rien, l’avaient-ils abandonné faute de pouvoir rien en tirer ?

A suivre…




8/

Il n’était pas homme à se morfondre très longtemps, surtout que la faim le tenaillait, et cela le mettait en colère. Il avait commencé par faire l’inventaire de ses poches. C’était rapide : rien d’autre dans les poches de son pantalon qu’un petit paquet d’allumettes publicitaires, et dans son veston jeté par terre au pied du lit, un mouchoir et son billet de train. C’était tout, mais c’était déjà beaucoup ; il pourrait au moins rentrer chez lui. Restait à sortir.
Il s’était souvenu des exploits de Mac Giver à la télé ; il aimait suivre ce feuilleton valorisant le bricolage et la débrouille, ce personnage qui se sortait des situations les plus inextricables avec son canif et deux bouts de ficelle. Il avait fait l’inventaire de ce que contenait son cachot : un peu de charbon dans un coin ; dans l’armoire dont il a réussi à arracher la porte, quelques pots de peinture et une bouteille avec un fond de solvant, un sac d’engrais dans lequel restent quelques poignées de nitrate ; le mur derrière l’armoire est couvert de salpêtre. Les expériences de chimie qu’ils faisaient en première avec son vieux prof un peu fou lui trottaient dans la tête. En mélangeant poussière de charbon, salpêtre, nitrate, il devrait parvenir à se fabriquer une petite bombe en serrant tout cela dans la laine du matelas en guise d’étoupe. Cela ne lui a pris que quelques instants. Puis il détricote le bas de son pull et trempe la laine dans le solvant pour faire une mèche, arrose la porte avec le reste de la bouteille en déchirant au pied quelques vieux livres; à défaut d’explosion, il pourra peut-être faire brûler le bois… Il a dans sa poche cette petite boîte d’allumettes ramassée machinalement dans un bar le soir de sa déconvenue. Il colle la “bombe” au bas de la porte. Il hésite un peu avant d’allumer ; il n’a aucune idée de la puissance de la charge, si seulement charge il y a ! Il se pelotonne sous le lit en fer dans le coin le plus éloigné…Violente explosion, gravas, craquements sinistres, fumée âcre épaisse : ça a marché ! Il se précipite en toussant vers la porte : il n’en reste que quelques lambeaux de bois accrochés au gond du haut. Il monte un escalier de béton nu et froid ; la porte du haut est entrouverte, soufflée par l’explosion. La maison est vide, il ne reste plus de carreaux aux fenêtres. Les occupants sont bien partis en l’abandonnant là ! Dehors il fait un froid glacial. Dans quelle direction doit-il partir ?

Dans le brouillard épais qui couvrait ce pays de mer et de terre confondues, un vieil homme marchait au bord d’un canal…(retour au début)

Fin si vous le décidez…

L'ours qui a vu l'homme

Publié le 02/01/2007 à 12:00 par cahierscotentin
L'ours qui a vu l'homme
1er épisode - L’OURS QUI A VU L’HOMME

Dans notre village autrefois
Un ours énorme dévastait les bois
(Charles TRENET)


« DONT’BE BEAR CARELESS ! » ce qui traduit en français courant ( et vite si j’ose dire) signifie « GAFFE À L’OURS »

Avez-vous entendu parler du King’s Canyon ? C’est bien sûr aux USA, en Californie, dans la Sierra Nevada, un de ces paysages grandioses auquel on accède par une vraie route de montagne bordée de pins gigantesques. Après un plateau verdoyant, on entre brutalement dans un autre monde : une tranchée titanesque au fond de laquelle, loin, très loin en bas coule un torrent. La route s’accroche au flanc d’une falaise vertigineuse, et on descend ainsi doucement en suivant le profil de la montagne jusqu’à une sorte de cirque couvert d’une forêt épaisse.

Dès l’entrée, puis régulièrement de kilomètre en kilomètre, des panneaux annoncent « free bears / ours en liberté » et donnent une série de consignes de respect de cette nature sauvage. Tout au bout de la route, un terrain de camping est à la disposition des amateurs de randonnées. Là nous est remis un document qu’il est recommandé de lire attentivement ; ce sont des explications sur le comportement des ours, couguars, et autres petites bêtes sympathiques dont cet espace est le territoire.

En résumé : « Vous êtes chez eux à vos risques et périls. » La partie la plus développée concerne les ours : « Ils sont absolument inoffensifs pour l’homme dont ils ont peur, mais ils sont constamment en quête de nourriture et ils ont un odorat beaucoup plus développé que le plus subtil des chiens. Ne laissez donc rien, pas la moindre miette de gâteau, le plus petit carré de chocolat, RIEN, dans votre voiture, votre sac à dos, votre tente, votre caravane, sinon c’est la cata ! »

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Publié le 11/12/2006 à 12:00 par cahierscotentin
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Michel