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Nom du blog :
cahierscotentin
Description du blog :
actualité littéraire des Cahiers du Cotentin. Publications de Michel Lebonnois et évènements
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
11.12.2006
Dernière mise à jour :
07.09.2015

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3ème "expression libre"

3ème "expression libre"

Publié le 10/02/2008 à 12:00 par cahierscotentin
Troisième et dernier volet de mes Expressions libres, ce texte fait partie de mes réflexions post-départ en retraite, publiées dans « JE REVE ENCORE » en décembre 2006.

MEMOIRE ET SOUVENIRS

La mémoire est liée à l’Histoire ; elle permet la relation exacte des faits sans interprétation. Elle porte la trace incontestable de la vie des Hommes. Les documents de toute nature accumulés au fil des âges sont support de mémoire. Elle est étrangère à l’affect.

Les souvenirs sont liés à la vie, et donc subjectifs. Ils sont ce qui reste quand la mémoire a oublié. Subjectifs par essence, ils servent à raconter sa propre vie, à soi-même et aux autres, d’une façon positive, supportable, acceptable. Bons ou mauvais, ils sont ce qui me reste de ma propre histoire, sur quoi repose mon équilibre. Les greniers sont pleins de supports de “souvenir”, chargés d’abord de l’affectif familial. La mémoire ne m’appartient pas. Elle contient une obligation de rigueur vérifiable. Elle est ce que je restitue de ma vie à la communauté humaine pour qu’elle fonde son devenir sur son passé. Elle est vecteur de lien et de continuité historique.

Un livre comme “La Couplière” (Paul Saillard—Les Cahiers du Cotentin) est un recueil de souvenirs, pas un livre d’Histoire ; il contient d’abord le regard que porte un homme sur huit années de sa vie emportées par l’Histoire. C’est pour cette raison qu’aucune biographie, aucun livre de “Mémoires”, ne peut être retenu comme trace historique en soi ; ces écrits sont par définition de l’ordre du souvenir. Ils sont utiles à la mémoire quand ils sont outils d’exégèse, dans une démarche de confrontation et de recoupement avec d’autres documents, au terme de laquelle l’historien pourra extraire de façon fiable ce qui relève d’une objectivité historique.

Quand j’écris “La Pierre Coupée” ( Dernières Voluptés–Les Cahiers du Cotentin- 2006 ) je n’en fais pas un support de mémoire familiale ; les souvenirs que j’y évoque ne sont pas historiquement exacts, et mes frères et sœurs ne diraient pas les choses de la même façon, mais ce sont mes souvenirs, c’est à dire la relation de ce que j’ai envie de dire de mon enfance. Les souvenirs sont un mélange de réalité, de rêves, de désirs assouvis ou non, d’amour ou de haine qui sont le regard que je porte sur ce que les autres me donnent. Ils apportent à la rigueur historique une fantaisie qui la rend supportable.

Les révisonnistes nient la mémoire, ils veulent faire croire que tout ce qui est dit de l’Histoire n’est que souvenirs, donc entaché de subjectivité, donc sujet à caution. Les incidents à propos de cette loi qui prétendait figer la mémoire historique de la colonisation sont une illustration criante d’une volonté de manipuler la trace historique de référence en ne retenant que ce qui est de l’ordre du souvenir d’une certaine catégorie sociale pour en faire la norme historique ; la mémoire impose qu’on parle aussi des exactions de la colonisation si on veut que la mémoire collective en retienne ce qu’elle a pu avoir de “positif”.
Le néo-libéralisme nie la mémoire ; le lien social historique, nécessaire en tant que support rassurant d’enracinement est nié, dévalorisé, voire sytématiquement détruit, dans un système qui prétend imposer un présent uniquement porteur d’avenir, sans faire référence aux fondations sociétales. Les entretiens d’embaûche portent aujourd’hui sur la recherche d’individus exploitables et non plus sur l’attention à ce que la personne peut apporter ; l’expérience, la formation, l’ancienneté, deviennent dans un CV des éléments rédhibitoires. Pas de pensée propre, pas de références antérieures, pas d’acquis pédagogiques étrangers.

Notre société a perdu la mémoire. Elle impose un mode de vie qui veut ignorer qu’elle a eu un “avant”. Elle a rompu ses amarres ; pas étonnant qu’elle aille à la dérive.…

Cette lutte contre les « faiseurs d’oubli » mondialisateurs est plus que jamais d’actualité. Comme toute lutte, elle n’a de chances d’être signifiante que si elle fédère ses forces, et ce d’autant plus que notre seule « arme » est notre parole d’hommes et de femmes...

J’ai composé la chanson qui suit pour exprimer ce ressenti de déracinement, ce refus d’être arraché de ma vie et de tout ce qui a été porteur d’action collective, et dont je reste convaincu que c’est la vraie voie vers le Devenir Humain.

Notre marche n’est pas terminée.

Nous avons tant rêvé
(p/m Michel Lebonnois juin 2006)

Nous avons tant rêvé de Justice de Paix,
D’amour universel, de peuples fraternels.
Nous avons tant rêvé, nous avons tant rêvé.
Interdit d’interdire, faites l’amour pas la guerre !
Nucléaire non merci ! Qui est Dieu, je le suis…
Nous avons tant rêvé, nous avons tant rêvé.

Et du travail pour tous, et la fraternité,
Eloignons la misère ! Tous heureux sur la Terre.
Nous avons tant rêvé, nous avons tant rêvé.
Et les murs abattus, et l’armée jamais plus !
Le dialogue à l’usine, tous copains et copines…
Nous avons tant rêvé, nous avons tant rêvé.

Des enfants si je veux, mais pour toi je veux bien
Refaire le monde à deux, il fera beau demain.
Nous avons tant rêvé, nous avons tant rêvé.
Et prendre la parole, et décider nous-mêmes !
Libérer le Larzac ! Y dormir dans nos sacs…
Nous avons tant rêvé, nous avons tant rêvé.

Tout ça c’était hier, périmé, obsolète !
Jeté aux oubliettes de la modernité.
C’est fini de rêver, c’est fini de rêver
Et le chacun pour soi ! Fini les syndicats !
Les luttes collectives s’en vont à le dérive…
C’est fini de rêver, c’est fini de rêver…

Mais moi, je rêve encore ! encore ! encore !…


Les « créateurs de l’oubli » voudraient nous faire croire que notre mémoire nous joue des tours, que tout ce à quoi nous avons cru, nos luttes pour une vie meilleure, nos rêves d’un avenir fraternel pour nos enfants, n’ont jamais existé, ne sont qu’un avatar de l’histoire, que la seule voie possible est le néo-libéralisme avec ce qu’il véhicule de rupture du lien social, d’isolement inéluctable de chacun dans sa bulle - de possédant ou d’exploité …
« Et tout ça est normal
Et tout ça me fait mal
Ça se passe chez moi… » comme chante Michel Buhler

Pour être créateurs d’avenir, il nous faut aussi être des gardiens de mémoire. Miguel Benasayag in « Parcours, engagement et résistance, une vie », Ed Calmann-Levy – février 2004 – pages 171 et suiv.) théorise ces mécanismes qui font d’une société sans mémoire une société sans avenir.

Il ne s’agit surtout pas de dire que « c’était mieux avant ». C’est justement parce que ce n’était pas mieux avant que nous avons rêvé l’avenir autrement. Nous devons continuer d’affirmer et d’argumenter ce rêve pour qu’il se réalise, malgré tout.

Michel Lebonnois