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cahierscotentin
Description du blog :
actualité littéraire des Cahiers du Cotentin. Publications de Michel Lebonnois et évènements
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
11.12.2006
Dernière mise à jour :
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Publié le 10/07/2007 à 12:00 par cahierscotentin
A Coutances, il leur faut changer de train, prendre la micheline qui part vers Cherbourg en passant par Périers, Lessay, La Haye du Puits, Saint sauveur le Vicomte, Bricquebec et rejoint à Sottevast la ligne Paris-Cherbourg.
- “ Pour aller chez mon ami, il faudra descendre à Bricquebec ; ce serait dangereux d’aller jusqu’à Cherbourg ; il paraît que les allemands ont fait partir tous les habitants !
Sarah n’a rien dit ; elle reste appuyée sur son épaule, il la sent qui tremble un peu. De froid ? De peur ? Il lui caresse doucement les cheveux, comme il le fait à la ferme avec les agneaux nouveaux-nés.

Ils arrivent à Bricquebec en fin d’après-midi ; il reste une petite heure avant la nuit et Julien veut avancer le plus possible vers Les Pieux :
- “ Qu’allez-vous faire maintenant ? Je dois aller à pied jusqu’à une ville qui s’appelle Les Pieux, à quinze kilomètres…
- Ne me laissez pas toute seule, que voulez-vous que je fasse ici ! Ça ne ressemble même pas à une ville ! Je n’ai jamais quitté Paris… Emmenez-moi où vous voulez, mais emmenez-moi ! S’il vous plaît !
Elle a pris sa main dans les siennes et le regarde de ses yeux apeurés, les mêmes qu’à Folligny. Il pense qu’il s’est sérieusement entravé en l’aidant ; mais c’est trop tard. Pourra t-il l’emmener avec lui en Angleterre ? Il regarde ses chaussures de citadine…
- “Il va falloir marcher !
- Et alors ? Dans Paris, il faut bien aussi que je marche…
- Comme vous voulez ! Alors on y va. On marche une heure, et on trouve une grange pour la nuit ; on finira la route à l’aube.

Elle a laissé sa main dans celle du garçon, et c’est ainsi qu’ils prennent la route en direction de Cherbourg, lui dans ses habits de paysan, chaussé de solides chaussures faites pour affronter les cailloux du chemin, elle dans sa robe à fleurs et ses escarpins. Il lui a mis sa veste sur les épaules par dessus son gilet car à cette heure, c’est vraiment de froid qu’elle tremble. Il a sorti un pull de grosse laine rêche de son sac. Il faut monter la longue côte qui relie Bricquebec à Quettetot, et plus ils montent, plus il sent la main de Sarah se faire lourde dans la sienne ; il doit ralentir le pas. La nuit commence à tomber quand ils traversent le petit village de Quettetot ; c’est l’heure de la traite, ils ne croisent personne. A peine se sont-ils engagés sur la route empierrée en direction de Grosville que Julien aperçoit une grange à fourrage au coin d’un champ. Ils s’y installent ; de son sac, Julien sort un pain, des œufs durs, un saucisson, un camembert :
- “ Avez-vous mangé depuis hier soir ?
- Rien !
- Servez-vous.
- Juste un peu de pain…
- Mais non allez-y, prenez du fromage !
- Ça ne doit pas être kasher !
- Etre quoi ?
- Kasher ! Préparé en respectant les règles prescrites par la religion !…
- Moi, la religion ! Quand même, je ne mange pas de viande le vendredi, mais le reste ! Le curé n’a jamais parlé de la façon de préparer les aliments…
- Qui vous parle de curé ? Moi je vous parle du rabbin et de ma religion.
- Si vous voulez ; je n’y comprends pas grand chose. Vous avez dit que vous êtes Juive ? Je ne sais pas ce que c’est. Je ne vois qu’une jolie fille qui est avec moi ce soir. Et pour l’instant, si vous avez faim, mangez, ce que vous voulez mais mangez, parce que demain, il va falloir marcher encore bien dix kilomètres !
- Merci pour la jolie fille…

Elle a mangé un œuf et mordu dans le pain à belles dents.

Il fait maintenant nuit noire. Julien a nivelé le foin entassé en vrac pour y dormir ; le foin reste toujours un peu chaud. Il se roule dans sa couverture et cale sa tête sur son sac. Sarah le secoue doucement :
- “ J’ai froid !
- Oh ! Excusez-moi ! Je suis si fatigué !
- Laissez-moi un peu de votre couverture.
- Je n’ai jamais dormi à deux…
- Vous verrez, on se tient chaud !
- Vous avez l’air de savoir…

Elle s’est serrée contre lui sans répondre. Et puis tout bas elle lui dit : “ Il s’appelait David ; lui aussi ils l’ont emmené ”. Julien sent des larmes qui roulent dans son cou, là où elle a posé sa tête. “ Dormons, on a encore de la route à faire ; après on verra.” Elle a glissé sa main sous son pull, sur sa peau, et il s’endort en frémissant de cette caresse qu’il ne connaît pas. Il s’est réveillé vers cinq heures, comme il en a l’habitude à la ferme ; la main de Sarah est toujours là, bien au chaud contre sa peau. Il ose un baiser sur ses cheveux, elle ouvre un œil : “ Alors, dormir à deux qu’est-ce que tu en dis ? ” Le tutoiement l’a surpris ; il n’ose pas répondre, lui dire qu’il ne s’était jamais senti aussi bien, que si elle voulait, il aimerait que ça dure, longtemps ; pas encore ; ils doivent d’abord sauver leurs vies.
- “ Il faut que je te dise ; je ne vais pas chercher du travail…
- Ah non ? Mais alors que viens-tu faire par ici ?
- Je ne veux pas aller travailler pour les allemands ; alors j’ai décidé d’aller me battre ; je rejoins la France Libre en Angleterre.
- Mais comment ?
- Je n’en sais rien, mais j’ai une adresse. J’espère que tu pourras venir aussi… enfin si tu veux ?
- D’abord, je ne sais pas quoi faire d’autre maintenant que je suis ici ; ensuite, du moment que cela me met à l’abri des nazis ! et puis surtout, je me sens bien avec toi, et j’aimerais que tu me gardes encore, un peu…

Ils ont mangé un morceau de pain tout en parlant et sont prêts à reprendre la route dans l’aube qui a du mal à naître à travers le crachin qui tombe dru. Ils marchent protégés par la couverture qu’ils ont jetée sur leurs épaules rapprochées. Les escarpins de Sarah sont rapidement détrempés, mais elle n’y pense pas. Tout contre Julien, elle est bien.

Les Pieux, enfin ! Ils sont arrivés vers huit heures à la gendarmerie. Au gendarme qui leur ouvre la porte, ils demandent à voir Victor :
- “ C’est moi, Victor, qu’y a t-il pour votre service ?
- Je voudrais savoir “quand le papillon va t-il butiner ?” .
- Pourquoi me demandez-vous ça ?

Julien lui donne alors la convocation remise par le gendarme de Brécey. Victor reconnaît la signature et comprend ce qu’on attend de lui :
- “ Vous avez des ennuis ?
- Si vous considérez d’être obligé de partir travailler en Allemagne comme des ennuis, alors oui, j’en ai.
- Et vous voulez passer en Angleterre ?
- Dans la cave de mon père, on écoute Radio-Londres. Je veux rejoindre la France Libre.
- Et la demoiselle ?
- Je ne la laisse pas seule ici ; elle est en danger de mort.